Guilde du Masque
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Dust to Dust, Ashes to... Asch.

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Message  Aschmédaï Jeu 6 Oct - 13:55

Aveuglé par la douleur qui lui vrillait l’esprit et les larmes qui ne cessaient de couler sur ses joues, Aschmédaï errait dans le sous bois, les branches lui lacérant le visage tandis qu’il marchait d’un pas rapide et désespéré dans son errance.

De cette fin, il n’avait jamais voulu. Ce pouvoir, celui pour lequel il s’était tant battu, lui permettait de remonter le cours du temps sur cinq secondes. Cinq misérables secondes. Qu’était-ce donc que cinq secondes ? Que représentait donc le pouvoir de revenir cinq secondes en arrière une seule fois, lorsque tant de choses auraient du être changées ?

Rien n’avait tourné comme il le souhaitait. Rien n’avait tourné dans le sens où il avait combattu tout ce temps.

“Asch, je comprend la nécessité de prendre des mesures de précaution, inutile d’en faire tout un plat.”, lui avait assuré Llyah quand il avait essayé de parler à sa femme de sa décision de porter une Flamme. En réalité, elle avait refusé de l’écouter. Et lui en tenait maintenant rigueur. Toujours aussi... Têtue.

“Nous ne sommes pas ennemis, je refuse de me battre contre toi sans raison.” avait dit Eryka lorsqu’il avait tenté de savoir si elle partageait son ressentiment. Et ce soir ? Étaient-ils devenus ennemis, finalement ? Il n'en avait pas plus envie qu'elle, en réalité. Une rivale, tout au plus.

“Que vas-tu faire, rouquin ?”, lui avait demandé Khalal. “Ce que j’ai à faire, Treize.”, avait-il simplement répondu, las de toutes ces interrogations.

Oui, il avait tenté de leur ouvrir les yeux, de les prévenir. Il n’était nullement question d’empêcher Maezel de revenir parmi les siens. Il était question de s’assurer qu’il ne devienne pas l’incarnation de tout ce qu’ils avaient combattu tout ce temps : la fatalité. Un nouveau tyran, qui devrait remplacer la tyrannie du Complexus. Et pour mener à bien cet objectif, il fallait que certains se sacrifient. Il fallait que certains deviennent des gardiens, qui veilleraient, depuis l’ombre, à ce que leur bienfaiteur aux multiples visages ne devienne pas celui qui tirerait les ficelles de leurs destinées.

Après tout, n’était-ce pas Maezel lui même qui leur avait demandé ? Qui leur avait confié les Flammes ? Pour mieux les répudier par la suite, ces enfants ingrats qui avaient accepté un pouvoir dont lui-même avait reconnu l’utilité ?...

Il avait tenté d’exprimer tout ça. Il avait eu confiance, plus qu'en cet être immortel et insaisissable, en ses amis les plus proches pour comprendre le ressentiment qui déchirait son cœur. La perte de Dérélicte. Celle d’Eileen. Et celle de tant d’autres, n’était pas un prix à payer : c’était un avertissement. Une sonnette d’alarme. Un message fort et clair : “NE LE SUIVEZ PAS AVEUGLEMENT : GARDEZ LES YEUX OUVERTS”.

“Asch, tu as toujours su, dès le moment où tu t’es joint à nous, que ça n’aurait rien d’une partie de pique-nique.”

Les remarques condescendantes de Llyah transperçaient son cœur de glace comme autant de poignards incandescents. Évidemment, qu’il avait toujours su. Lui, dont l’existence entière n’avait été que solitude, lui, à qui son propre père avait prophétisé qu’il était condamné à cette même solitude, avait finalement trouvé une famille. Des gens en qui il pouvait avoir confiance. Et qu’était-ce que la confiance, sinon la propension à croire que les gens que vous aimez ne seront pas effrayés par ce qu’ils verront en vous ?

Pourtant, ce n’était pas ce qu’on lui avait dit ce soir.

“Partez, pantins, et ne reparaissez plus devant nous.”

Il s’était tourné vers ses compagnons les plus proches, ses frères de l’Ephémère. Il avait sondé leurs regards. Il avait espéré y trouver cette lueur qui disait “fais ce que tu as à faire, ça ne change rien”. Il avait espérer y trouver du soutien.

Mais il n’y avait trouvé que du dépit. De la résignation. Du rejet. L’acceptation de la fatalité, d’une vision bipolaire des choses, qui devaient être soit toutes blanches, soit toutes noires. Tout ce contre quoi ils avaient combattu. Et de toute évidence, eux croyaient dur comme fer avoir choisi la "bonne" voie, et que lui s’était damné, alors qu'il n'était pas question de valeur, de justice, mais de nécessité.

Ceux qui mettaient genou à terre devant Maezel étaient aussi nécessaires que ceux qui s'en méfiaient. Ils devaient être aussi complémentaires que l'étaient le jour et la nuit. Alors pourquoi ? Oui, pourquoi les choses avaient-elles tourné ainsi ?

Il tomba à genoux, épuisé par ces questions dépourvues de réponses. Le vent frais du soir lui fouetta le visage, et il le releva doucement pour contempler la grande pierre dont les inscriptions luisaient au clair de lune. Son errance l’avait ramené au lieu où s’était déroulé l’un des moments les plus intenses de son existence. Un mince sourire parvint à percer parmi les larmes : au moins avait-il réussi à convaincre Llyah de conserver son alliance, car on ne perd jamais définitivement les choses, pour cela il faut choisir de les abandonner. Lui en avait la conviction : s'il s'était peut-être - surement - perdu quelque part en route, en revanche, il n'avait jamais choisi d'abandonner quoi que ce soit.

Il l’aimait toujours, elle et elle seule, de cet amour qui consumait tout le reste, et il l’aimerait encore, et ce bien après que le Monde change, que les souvenirs disparaissent, que les faits deviennent légende, la légende mythe, et que le mythe ne sombre lui aussi dans l’oubli. De cet amour qui survivrait à la mort, au temps, à la séparation, et qui, tel le phœnix, renaîtrait toujours de ses cendres dès lors que le moindre souffle de vent viendrait les agiter.

Alors, en appelant à toute la magie qui était en lui, à l’héritage de son maître et aux esprits perdus de l'Outremonde, Aschmédaï Estevent, Sorcier du Premier Ordre de la défunte Ecole des Arcanes de Gilnéas, démoniste émérite, maître-du-Sixième-Cercle-Infernal-qui-en-comptait-neuf-mais-dont-nul-ne-dépassait-le-Septième-sans-coucher-avec-des-choses-innommables, se fondit dans l’Ombre entre les Mondes, un lieu en dehors de l'espace et du temps, où il attendrait.

Il attendrait, dans l’espoir que vienne un temps plus heureux, où celle à qui il avait confié son âme se rendrait sur les lieux de leur union, prête à lui pardonner, à accepter ce qui n'était somme toute qu'une rivalité autour de la possession d'un pantin, comme en ce temps béni où la guilde toute entière en avait fait son jeu. Car si l’amour envoie tous ceux qu’il frappe en enfer, il est possible, bien que hautement improbable, qu’à la fin, il les en fasse également revenir.

Et comme Aschmédaï l’avait répété à de nombreuses reprises à ceux qui lui étaient proches...

Quand on prend le temps de s'arrêter, juste un instant, de regarder en arrière, de se remémorer tous ces instants qui nous ont coupé le souffle... L'on réalise que la vie toute entière tourne autour de ces moments que l'on n'aurait jamais cru qu'ils arriveraient... Car l'existence, au final, n'est que question d'improbabilités, et c'est peut-être là ce grand secret que même les entités immortelles traçant les trames de nos existences nous envient si ardemment.
Aschmédaï
Aschmédaï
Ensorceleur

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Date d'inscription : 19/12/2010

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